mardi 20 août 2013

BIENVENUE


... au COURS PRÉPARATOIRE

École élémentaire publique des Arènes
14, Rue Marceau
03310 Néris-les-Bains

Madame Françoise MAILLOT, Directrice
tel : 04 70 03 12 93
 ecole.neris-bains.03@ac-clermont.fr 

vendredi 5 juillet 2013

LES VACANCES




"Vivent les vacances, à bas les pénitences, les cahiers au feu, les maîtres au milieu...
Plus personne n'entonne cette ritournelle désuète qui autrefois annonçait avec malice le départ des enfants pour deux mois consacrés aux travaux des champs...

Au soir de cette sortie 2013, maître et élèves ne boudent pas leur plaisir devant la perspective de ces grandes vacances (les dernières à être aussi longues, peut-être ?). Ces deux mois sont assurément bien agréables à envisager.

Cependant, une forme de nostalgie pointe son nez. C'est souvent comme ça, dans les derniers jours avant la sortie. Et il faut bien avouer, finalement, que malgré la fatigue, maître et élèves n'ont plus très envie de se quitter. C'est que nous avons partagé 36 semaines d'un stimulant entraînement cérébral et physique, cent quarante jours d'un voyage ardu mais exaltant au pays de la connaissance, huit cent quarante heures dédiées aux formidables apprentissages de la lecture, de l'écriture, du calcul, du dessin et de tant d'autres choses...

Hélas, cette année restera à jamais liée à la disparition prématurée de Michel Thonier : j'espère que les enfants n'oublieront jamais leur moniteur de sport car il fut beaucoup plus que cela ; nos élèves (et ses collègues) lui doivent beaucoup.

Nous avons démarré l'année avec 25 enfants mais deux ont quitté Néris : Rémi en février, puis Kim en juin (une liaison skype depuis la salle de classe nous a permis de nous revoir encore une fois hier). Nos élèves ont grandi à leur rythme, encouragés par leur maître, épaulés avec amour par leurs parents et grands-parents, guidés par la progression rassurante et efficace de nos manuels.
Malgré une irrépressible propension au bavardage si souvent soulignée et reprochée, cette classe est restée très attachante et le maître a éprouvé bien de la joie à répondre autant qu'il le pouvait à la curiosité et au désir d'apprendre de ces jeunes écoliers. Parfois de bonnes surprises sont arrivées au bon moment ; merci à Madame Élisabeth Camus d'avoir offert au Cours préparatoire un premier contact avec l'art de la céramique.

Cette année, notre classe a été beaucoup visitée et observée : notre Inspecteur de l'Éducation nationale (à l'occasion de l'inspection triennale du maître), Mme Laura Thomson (enseignante au Lycée français de Los Angeles, M. Olivier Rineau instituteur stagiaire, Éloïse en stage de 3è du collège).
Dans quelques mois seront mises en ligne sur le site de Lire-Écrire les videos des reportages filmés à 4 reprises en notre classe ; outre l'intérêt pédagogique de ces petits films, les familles pourront se rendre compte de ce qu'était le quotidien scolaire de leur enfant.


Notre Directrice a affiché ce soir les listes de l'année prochaine qui peuvent donc être consultées au tableau de la rue Marceau :
- 18 de nos élèves du CP suivront le CE1 de Madame Bourgoin-Ramery
- 4 intégreront le CE1/CE2 de Madame Hiet (nous avons choisi ces élèves parmi ceux présentant une bonne autonomie, afin de faciliter leur travail en double niveau).
- 1 élève va retrouver le maître pour achever son apprentissage de la lecture. Il doublera donc son CP mais bénéficiera d'un parcours individualisé de type CP/CE1 adapté à son profil et à son avancement.


Bonnes vacances à tous
Un grand merci aux parents

JPP

mercredi 3 juillet 2013

"L’Education nationale est devenue un vaste mensonge"


    lafforgueBrillant mathématicien, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, Laurent Lafforgue a été lauréat de la prestigieuse médaille Fields en 2002 (l’équivalent du prix Nobel en mathématiques). Il est professeur permanent à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques (IHES).

    Très sensibilisé à l’état du système éducatif français, il a coordonné en 2007, avec Liliane Lurçat, la publication de l’ouvrage La débâcle de l’école, fruit d’un colloque sur l’état alarmant de l’école en France et qui a réuni de nombreux enseignants du primaire, du collège, du lycée et de l’université. Un ouvrage passionnant, d’une clarté et d’une précision remarquables que je vous recommande vivement (et qui n’a malheureusement pas du tout vieilli…)

    Quelques années auparavant, il avait été nommé en 2005 au HCE (Haut Conseil de l’Education) chargé de préparer le « socle commun » prévu par la loi Fillon. S’étant exprimé de façon ferme contre les experts de l’Education nationale, responsables des réformes mises en place depuis des années qu’il juge catastrophiques, le président du Haut Conseil lui avait alors demandé de démissionner, dix jours à peine après l’installation officielle du HCE.

    Passionnée par ces sujets (comme vous devez le savoir maintenant !), j’ai souhaité interviewer Laurent Lafforgue, observateur attentif et clairvoyant du système éducatif français. Un grand merci à lui de m’avoir fait l’honneur de me consacrer du temps et de l’attention pour cet entretien réalisé par téléphone.

    A partir de 2004, vous vous êtes engagé dans un combat pour la défense de l’école républicaine. Pour quelles raisons ?

    Mes parents, mes frères et moi devons beaucoup à l’école, à un système scolaire qui, pendant longtemps, a été d’une très grande valeur et qui nous a permis de faire des études supérieures. Mes parents ont été les premiers, chacun dans sa famille, à pouvoir faire des études longues. Nous sommes en grande partie le produit d’un système scolaire qui nous a appris les enseignements de base, avant de nous donner accès à la culture et à des connaissances de plus en plus fines et complexes.
    Il y a presque 10 ans, j’ai été amené à découvrir l’évolution de l’école depuis que je l’avais quittée. J’ai été catastrophé en constatant qu’elle avait changé du tout au tout. Et pourtant, le système était déjà dégradé lorsque j’y étais par rapport à l’époque de mes parents…
    En 2004, j’ai signé une pétition pour la sauvegarde de l’enseignement du latin et du grec (qui a d’ailleurs recueilli plus de 70 000 signatures si mes souvenirs sont bons). On m’a demandé de m’exprimer sur ce sujet lors du colloque qui a marqué la fin de la campagne de pétition. C’est à cette occasion que j’ai entendu d’autres professeurs, de lettres notamment, et j’ai été abasourdi. A partir de ce jour là, j’ai décidé d’enquêter en interrogeant des professeurs autour de moi, en collectant des informations, en analysant les manuels… J’ai été effaré par ce que je découvrais. Un monde auquel je devais une grande partie de ce que j’étais était en voie de destruction très avancée.
    J’ai alors commencé à intervenir lors de colloques et à rédiger des textes sur le sujet de l’école. Appelé au HCE en 2005, on m’a demandé d’en démissionner au bout de 10 jours en raison de mes propos sur l’état actuel de notre système éducatif et sur la responsabilité de ses instances dirigeantes et de ses « experts ». J’ai continué à prendre publiquement position et à m’engager dans ce combat encore quelques années, puis j’ai souhaité me recentrer sur mes travaux de recherche.
    Rétrospectivement, je me rends compte que j’ai été assez naïf dans les premières années de mon engagement ! Ce que je découvrais était tellement absurde que je pensais qu’il suffirait de prononcer quelques phrases de bon sens pour rétablir la situation. Mais je suis revenu de cette illusion… Le problème est venu des plus hautes sphères de l’Education nationale mais aujourd’hui le mal est fait à tous les étages, et l’état d’esprit général nécessaire à l’instruction et à la transmission des connaissances est largement perdu.
    La situation est catastrophique et l’inertie est énorme. Ce ne sont plus seulement des écoliers qui ont subi de mauvais enseignements, mais aussi des professeurs issus de ces mauvais enseignements. Comment en sortir ?
    Il ne reste plus qu’à soutenir des initiatives à toute petite échelle : des personnalités, des écoles, des associations… Désormais, on peut seulement oeuvrer à ce que des petites flammes continuent de briller ici et là.
    Il faut savoir toutefois qu’au moment de ma démission du HCE, j’ai reçu des milliers de réactions de professeurs, parmi lesquels des jeunes, qui dénonçaient l’absurdité du système qu’on leur avait inculqué à travers les IUFM notamment. Ainsi, même parmi ceux qui ont subi un système d’enseignement très dégradé, il existe une conscience partielle de cette dégradation. Certains conservent les moyens d’exercer un esprit critique que la plupart n’ont plus aujourd’hui. Malheureusement cette prise de conscience est très minoritaire dans tous les milieux (professeurs, parents).

    Depuis 2007, vous vous exprimez moins sur ces sujets là. Quel regard portez-vous sur les réformes menées sous Nicolas Sarkozy et celles menées actuellement par François Hollande et son ministre de l’Education, Vincent Peillon ?

    Globalement, un regard très négatif. La seule chose relativement positive a été la révision par Xavier Darcos des programmes de primaire, meilleurs que les précédents, même s’ils sont loin d’être idéaux. Ils ont le mérite d’être plus concis, plus précis et relativement recentrés sur les enseignements fondamentaux, alors que le programme précédent de primaire comprenait 350 pages, où tout était dit et son contraire, avec des phrases incompréhensibles (même par ceux qui l’avaient écrit, je pense…). Mais ces nouvelles directives se sont heurtées à une résistance de beaucoup d’enseignants.
    Il faut bien comprendre que l’on est confronté sans cesse à un mur idéologique. On a persuadé les instituteurs que les méthodes syllabiques par exemple étaient de droite, tandis que la méthode globale était de gauche, ce qui est absurde. Dans d’autres pays, tels que les Etats-Unis, on constate cette même sur-interprétation idéologique.


    Dans l’ouvrage La débâcle de l’école, l’ensemble des contributeurs incriminent le constructivisme et dénoncent la déstructuration des enseignements. Pouvez-vous expliquer ces points fondamentaux ?

    Le constructivisme est l’idée que l’enfant doit construire lui-même son savoir et que l’on ne doit plus lui dispenser d’enseignement explicite . C’est un point de vue très séduisant pour des universitaires, et j’estime qu’ils ont une grande responsabilité dans le désastre de l’école.
    Comme leur métier consiste à élaborer de belles théories sophistiquées, ils oublient trop souvent qu’ils ont commencé par être des enfants et par apprendre des choses simples, qu’ils ont dû apprendre par cœur. C’est ainsi que de fins lettrés peuvent en arriver à estimer que l’orthographe est la science des imbéciles. Beaucoup ont voulu remplacer les enseignements de base, trop simples à leurs yeux, par des choses plus « intelligentes ».
    En parallèle, est venue la remise en cause du principe d’autorité du professeur et de l’instituteur dans sa classe. Celui qui prétend disposer de savoirs exercerait un pouvoir abusif sur les enfants.
    Quant à la déstructuration, elle concerne le contenu des enseignements. Elle touche à la fois la matière (la grammaire par exemple), la structuration et l’organisation des savoirs. En histoire, on a supprimé la chronologie des événements et en français, l’histoire littéraire. On se contente de coups de projecteur sur telle ou telle période.
    On a voulu des enseignements transversaux, beaucoup plus compliqués pour les élèves, et non plus l’étude par éléments : orthographe, conjugaison, grammaire, où, à chaque fois, on partait des choses simples pour aller progressivement vers les choses complexes. On a supprimé tout cela : le principe de progression ou encore le principe de distinction. Certes, il est intéressant de mettre en relation les enseignements à la condition que les bases soient installées, sinon c’est la confusion la plus totale.
    On se retrouve avec des élèves qui ont passé 20 à 30 heures par semaine pendant 12 ans à l’école et qui ne savent presque rien. Quel gaspillage ! Les enfants sont noyés sous un flot d’informations mais rien ne s’accroche du fait du défaut de structure. Ils ont entendu parler de beaucoup de choses mais n’ont rien retenu de précis. L’image générale qui se dégage est celle d’une déstructuration générale des enseignements.


    Sur quels principes devrait-on se réunir et se baser pour réformer le système scolaire ?

    Lors de mon enquête, j’ai été frappé que des gens étonnamment différents se soient retrouvés sur ce constat simple que l’école ne remplissait plus sa mission de transmission des connaissances : des militants d’extrême-gauche et des conservateurs, des catholiques et des libres-penseurs, des gens connus ou de simples citoyens. Le véritable choix politique n’est pas de droite ou de gauche mais celui de la qualité de l’enseignement et celui de l’étendue et de la profondeur des connaissances que nous voulons transmettre.
    Le cœur du problème est bel et bien le contenu de ce que l’on enseigne, qui doit obéir à des principes très simples.
    Rappelons que la mission première de l’école est l’instruction et non pas la socialisation. C’est l’instruction qui, par bénéfice collatéral, va produire de la socialisation. Jamais l’école n’a été aussi soucieuse qu’aujourd’hui d’engendrer la paix et pourtant elle est beaucoup plus violente que l’ancienne.
    Il faut également rappeler la raison d’être  du professeur : il sait des choses que les élèves ne savent pas, et sa mission est de transmettre ses connaissances de la manière la plus efficace possible.
    Dès l’école primaire, puis au collège et au lycée, les élèves doivent apprendre véritablement à écrire, ce qui suppose, d’abord, de maîtriser l’orthographe (cela passe par des dictées régulières), la grammaire (qui s’apprend sous forme de règles) et les conjugaisons des verbes, puis de se rompre aux exercices de la rédaction et de la dissertation. Il faut aussi travailler la mémoire par l’apprentissage de textes par cœur.
    Le français est à mon avis l’enseignement le plus important au primaire, même dans la perspective des sciences car tout texte scientifique est un genre de rédaction et plus profondément, toute réflexion se construit en écrivant. Les moyens d’expression sont aussi les moyens de formation de la pensée. J’ai reçu de nombreux témoignages de professeurs de mathématiques ou de physique à l’université qui disent que le premier problème de leurs étudiants est le défaut de connaissance de la langue française, leur difficulté à comprendre et à formuler des phrases abstraites, différentes du langage courant oral. Pour un usage plus élaboré de la langue, une connaissance de sa structure, plus réfléchie, est nécessaire. Par ailleurs, l’apprentissage de la grammaire est le premier apprentissage de la logique.

    La dégradation de l’enseignement en français a été évoquée à plusieurs reprises sur mon blog, notamment par Loys Bonod, professeur de français. Que pensez-vous de l’enseignement en mathématiques et de l’avenir des filières scientifiques en France ?  
    En mathématiques, j’insiste sur l’importance des connaissances élémentaires et de la familiarité avec les nombres : additionner, soustraire, multiplier, diviser. Ces quatre opérations étaient auparavant abordées dès le CP, maintenant seule l’addition y est enseignée. La progressivité doit être celle de la complexité des opérations mises en jeu, et non pas, comme dans les programmes actuels, une succession étalée dans le temps de l’addition puis des trois autres opérations. Il faut apprendre ses tables d’addition, de multiplication, la règle de trois. Un autre apprentissage important est celui de la mesure des grandeurs et le repérage dans l’espace.
    Cela semble tout bête mais il faut savoir qu’à l’université, il n’est pas rare que les étudiants ne sachent même pas additionner deux fractions. Il existe un très gros contraste entre le gros des étudiants et une toute petite élite qui bénéficie de la recherche mathématique française qui est d’un très bon niveau. Parmi les jeunes mathématiciens d’aujourd’hui, une proportion importante sont des fils ou filles de mathématiciens. Sauf erreur de ma part, lorsque j’étais à l’ENS, il n’y en avait aucun. Pourquoi ? Parce que, l’école se dégradant, le milieu familial est devenu indispensable pour apprendre !
    Les responsables des programmes ont réussi à déstructurer les enseignements mathématiques, à réduire, par exemple, quasiment à néant la géométrie qui est pourtant très formatrice pour l’esprit. Au collège et au lycée, le niveau est très mauvais. Les manuels d’aujourd’hui ne demandent plus de démonstrations. Les cours sont très flous alors que l’un des buts principaux de l’enseignement des mathématiques doit être l’apprentissage du raisonnement et de la rigueur.
    De mon point de vue, les anciens humbles problèmes d’arithmétique du certificat d’études primaires étaient de beaucoup préférables aux actuels problèmes de terminale S.
    Ils consistaient en une seule question tenant en une phrase qui nécessitait pour sa solution un raisonnement en plusieurs étapes qu’il fallait rédiger. Maintenant l’épreuve de mathématiques en terminale S est constituée de 4 exercices, dont un QCM, et les trois autres sont découpés en de multiples questions, avec souvent des énoncés plus longs que les solutions.
    On a prétendu rendre les élèves plus créatifs, faire d’eux des chercheurs dès leur plus jeune âge, mais le résultat est que, quand ils parviennent à l’âge adulte, on ne peut leur demander autre chose que des automatismes, un savoir pré-mâché.


    Il existe donc à la fois un problème d’horaires, de contenu des programmes, de méthodes et d’exigence.  

    Le contenu est comme je le disais plus haut déterminant, il faut savoir bien le choisir et bien le structurer. De manière générale, l’enseignement doit procéder de l’élémentaire à l’élaboré (et non l’inverse), avec des progressions cohérentes et bien construites. Cela passe par une revalorisation qualitative bien plus que quantitative.
    Ensuite, il faut cesser de prétendre que l’élève est capable de « construire » seul ses savoirs ou d’analyser d’emblée des situations complexes pour en tirer des éléments particuliers utilisables. Cela n’a pas de sens d’inviter les enfants et les jeunes à s’exprimer eux-mêmes sans leur avoir appris à maîtriser la langue. Cela n’a pas de sens de les appeler à la créativité sans leur avoir transmis ni technique ni culture. Il faut au contraire mettre les élèves en situation d’appréhender des notions fondamentales à partir de la culture et du savoir tels qu’ils ont été patiemment construits et reconstruits au cours des siècles – sans oublier néanmoins de leur laisser une marge d’initiative, de réflexion et d’exploration. Il ne s’agit pas de ne faire que des cours magistraux, mais de faire participer les élèves et de multiplier les façons d’enseigner.
    Il faut également revenir à des apprentissages systématiques : en mathématiques : les nombres et leurs opérations, la géométrie, les énoncés rigoureux, les démonstrations, et en français : la grammaire, l’orthographe, les conjugaisons, les listes de vocabulaire, les rédactions, les dissertations – toutes choses qui ont été de plus en plus délaissées depuis au moins trente ans, réforme après réforme, à un point hallucinant.
    Concernant les méthodes, il est temps de reconnaître que certaines sont meilleures que d’autres. Ainsi, concernant la lecture et l’écriture, la méthode alphabétique syllabique est bien plus efficace que les méthodes globales ou dites semi-globales. Pourquoi ne pas mettre en place un organisme indépendant de toutes les structures de pouvoir de l’Éducation nationale, spécialement chargé de ces comparaisons et évaluations entre les méthodes ?
    J’ai rencontré une institutrice qui avait d’abord utilisé plusieurs années une méthode « semi-globale », avant de la remettre en cause et d’utiliser la méthode syllabique. Dès la première année, elle a obtenu des résultats bien meilleurs et à la fin de l’année, tous ses élèves savaient lire et écrire correctement alors que ce n’était pas le cas les années précédentes. Elle est allée voir les parents de certains de ses anciens élèves, leur a déclaré avoir pris conscience d’avoir mal enseigné ces enfants en utilisant de mauvaises méthodes et a proposé de reprendre à zéro leurs apprentissages de base, en plus de son travail normal, pour réparer les erreurs commises.
    Il existe également un problème d’horaires. Il y a eu une diminution vertigineuse des horaires en français et en mathématiques en 50 ans. Avant 1960, il y avait par exemple 15 heures de français en CP, aujourd’hui, il y en a 9. Or le français est, rappelons-le, une priorité absolue. Quant à un élève de terminale S, il a perdu plus d’une année de mathématiques par rapport à un terminale C d’il y a 30 ans.
    Or, il faut un minimum d’heures pour transmettre correctement les savoirs. La réforme actuelle sur les rythmes scolaires est loin d’aller dans le bon sens puisque les volumes horaires restent inchangés. Je pense qu’il serait plus judicieux d’avoir davantage de jours d’école mais avec des journées plus courtes et d’autres activités l’après-midi. Je pense qu’il faudrait également rétablir les études assistées en primaire qui étaient très importantes et très bénéfiques.


    Il y a aussi le problème de la perte d’autorité des professeurs. Comment la rétablir ?

    Dans l’ouvrage sur La débâcle de l’école, un chapitre est consacré à la vie au jour le jour de professeurs qui rencontrent des situations impossibles, sans pouvoir de sanction, qui les empêchent d’enseigner, au détriment de tous les élèves. Résultat : tout le monde coule…
    Ces incivilités, intimidations et violences dont les professeurs et les élèves qui voudraient travailler sont la cible dans beaucoup d’établissements, n’ont pris une grande ampleur qu’à la faveur de décisions structurelles qui ont affaibli l’autorité des enseignants, et corrélativement, ont mené à une réduction du nombre des surveillants et des adjoints d’enseignement.
    On a voulu remettre en cause l’autorité des professeurs, comme une concession faite aux enfants, pour rééquilibrer la balance des pouvoirs. Mais les élèves en sont les principales victimes.
    L’École ne peut bien fonctionner que si les instituteurs et les professeurs sont respectés et si leur autorité est solidement établie. Par exemple, le passage à la classe supérieure ne doit être apprécié que par des personnes qui ont compétence pour cela, à savoir les professeurs. Les parents ne peuvent avoir qu’une voix consultative.
    Par ailleurs, il est nécessaire que, dans la société, et particulièrement dans les familles, l’étude soit valorisée dans l’esprit des enfants, et que ceux-ci puissent prendre conscience que l’École est destinée à leur apporter les meilleures chances. Par exemple, il est important que, dans les familles, les parents veillent à ce que les enfants ne tombent pas sous l’empire de la télévision, des jeux vidéo ou des ordinateurs, et qu’ils les encouragent à apprendre et à étudier.
    Enfin, je pense que les enseignants doivent retrouver une très grande liberté dans leurs choix pédagogiques et qu’ils doivent être évalués, c’est-à-dire inspectés et notés, uniquement d’après la progression et les résultats de leurs élèves, et en aucune façon d’après la conformité de leurs méthodes avec les dogmes de l’Éducation nationale.


    Vous estimez que les principaux responsables de cette débâche sont les experts de l’Education nationale. Mais comment une telle dégradation a-t-elle pu se propager sans plus de résistance de la part des professeurs et des parents ?

    Je ne sais pas, je suis très étonné que les professeurs et les parents n’aient pas davantage résisté.
    L’Education nationale est devenue un vaste mensonge, accepté par la plupart des gens. Les enfants ne se rendent pas compte (ou alors une minorité) qu’on leur enseigne mal, et les parents sont contents du moment que leurs enfants passent dans la classe supérieure et ont de bonnes notes. Je caricature, mais à peine.
    D’autre part, il faut comprendre que ces réformes ont été menées au nom du Progrès, de la Modernisation. Le pédagogisme a été présenté comme scientifique. Comment résister à cela ? On se sent coupables de lutter contre ce qui est présenté de cette façon, d’où peut-être cette passivité, ce manque de résistance…
    Enfin, les Français sont plus soumis qu’on ne le pense aux fonctionnaires, ce qui est revêtu de l’autorité de l’Etat provoque peu de résistance.
    Cependant certains instituteurs et professeurs se sont rendu compte que les résultats de ces réformes étaient déplorables alors qu’ils s’étaient lancés dans l’enseignement pleins de confiance dans leur hiérarchie et dans les méthodes modernes. Ceux qui avaient conservé un esprit critique ont exprimé naïvement à leur hiérarchie leur désarroi et leurs doutes. Mais la simple expression de leurs doutes leur a souvent valu de se voir mis au ban de l’école, ce qui n’a fait qu’augmenter leur méfiance. Certains ont même été « persécutés » de façon brutale.


    Comment résister en tant que parent, une fois que l’on a fait ce triste constat de l’abaissement du niveau et des exigences  ?

    A mon avis, la solution ne viendra pas de l’école privée sous contrat qui souffre des mêmes maux que l’école publique, mais plutôt des écoles hors contrat, indépendantes de l’Etat. Beaucoup proposent un très bon enseignement et elles ne cessent de se développer.
    Internet a joué un rôle important dans la résistance à la destruction de l’école car a permis de mettre en contact des professeurs, instituteurs ou parents qui étaient devenus conscients de cette destruction, qui voulaient réagir mais qui, souvent, se trouvaient isolés.
    De plus en plus de parents cherchent à fonder leur école pour offrir à leurs enfants un enseignement de bonne qualité, mais c’est un parcours long et compliqué et qui suppose de lourds sacrifices financiers.
    Je connais des institutrices et instituteurs qui ont décidé de quitter l’Education nationale et de créer leur école pour pouvoir enseigner correctement et être en paix avec leur conscience. De bonnes volontés existent. Nombreux sont les professeurs et les instituteurs remarquables de dévouement mais, pour se lancer dans de telles initiatives, il faut aussi une grande force intellectuelle et morale.
    Une autre stratégie adoptée par certains parents est de recommencer l’école le soir. Leurs enfants ont donc école deux fois, l’école en journée est considérée comme une activité de socialisation, pour voir les copains, et l’école en fin de journée est faite pour transmettre les savoirs. Mais cela implique une fatigue énorme pour les parents et pour les enfants. De plus, ce n’est pas à la portée de tous les parents.
    Enfin, il est nécessaire d’utiliser de bons manuels classiques. Parmi les initiatives de résistance menées ces 10 dernières années, on peut signaler le travail remarquable mené par l’éditeur Jean Nemo, fondateur de La librairie des écoles qui propose des manuels de grande qualité.
    Je trouve que c’est l’une des inititiatives les meilleures de ces dernières années, avec la Fondation pour l’école d’Anne Coffinier qui soutient la création et le développement d’écoles indépendantes (NDRL : il en existe environ 500 en France : des écoles confessionnelles ou non, des écoles Montessori, des écoles appliquant la pédagogie Steiner…Elles sont recensées dans cet annuaire).
    Aux parents d’essayer de faire ce qu’ils peuvent, même si ce n’est pas parfait. Ils réparent un peu le désastre mais ils ne peuvent malheureusement pas remplacer à eux seuls un système scolaire entier.


    On a justifié les réformes par un souci d’égalité des chances. Mais l’on constate que les inégalités n’ont jamais été aussi élevées.

    Les réformes menées depuis les années 70 ont effectivement été justifiées par l’obsession de l’égalité et du social. On a dit que l’école deviendrait plus juste, mais c’est le contraire qui est vrai. Il suffit de voir les filières et les écoles où on délivre encore une véritable instruction, elles recrutent plus que jamais dans les milieux favorisés. L’itinéraire que mes parents issus de milieux modestes ont suivi n’existe plus. Or, seule une nourriture intellectuelle de qualité éveille l’esprit des élèves doués pour cela, et ce, dans toutes les classes sociales. Quand l’école ne les nourrit pas, les élèves ne peuvent plus compter que sur leur environnement familial.
    L’égalité des chance a donc pris un énorme coup.  On a rabaissé les programmes et les niveaux d’exigence au nom des « nouveaux publics » notamment. Mais c’est un contre-sens total. Un enfant qui apprend n’enlève rien à aucun autre. C’est pourquoi le principe d’égalité ne doit jamais être invoqué pour abaisser les programmes et les niveaux d’exigence. Il ne doit pas plus être invoqué pour empêcher de créer, à partir du collège, des filières diversifiées, les unes plus abstraites où les élèves manifestant le plus d’ardeur et de dons pour le travail intellectuel recevraient un enseignement à la mesure de ce qu’ils peuvent apprendre, les autres où les élèves manifestant davantage d’aptitudes manuelles ou artistiques (voire sportives) recevraient une formation adaptée susceptible de leur redonner le goût de l’étude, et soigneusement construite pour prendre plus tard une véritable valeur sur le marché de l’emploi.
    Enfin, le principe d’égalité ne doit pas non plus empêcher l’évaluation des élèves ; au contraire, il est d’autant mieux respecté que les élèves sont évalués suivant des règles claires pour tous, à savoir qu’on obtient de bonnes notes si on apprend bien et de mauvaises notes si on apprend mal.


    Tant que l’Education nationale sera très centralisée et quasiment impossible à réformer en raison de ce mur idéologique que vous évoquiez, les choses peuvent-elles vraiment changer. Quelle organisation imaginer ?

    L’organisation est importante mais elle n’est pas le plus important. Le problème du système éducatif n’est pas tant un problème de moyens, ni d’organisation, que d’état d’esprit.
    Je ne pense pas que les problèmes actuels disparaîtraient si l’éducation était décentralisée. Je crains que si un dispositif tel que le chèque éducation se mettait en place, les organisations commerciales s’y engouffreraient avec la même démagogie. Il suffit de voir tout le monde applaudir lorsqu’un directeur équipe son école d’ordinateurs, comme si cela allait régler quoi que ce soit. Personnellement, je freine des quatre fers à l’entrée du numérique à l’école. Je n’y suis pas absolument opposé, mais à la condition que les élèves maîtrisent déjà parfaitement l’écriture, la lecture et toutes les connaissances de base et qu’ils aient déjà acquis une maturité certaine. Au lycée, ce qui serait judicieux serait de développer un enseignement sérieux de la programmation qui possède une véritable valeur intellectuelle.
    Je pense que le système scolaire actuel ne sait plus faire la différence entre les âges. C’est ainsi que l’on se retrouve à introduire l’informatique ou la philosophie en primaire…
    L’école, le collège ou même le lycée n’ont pas à courir après les derniers développements de la technique ou de la science, ni après les dernières évolutions de la société. L’École est amenée à évoluer pour inclure des nouveaux acquis fondamentaux du temps présent ; mais elle doit le faire lentement, après longue et mûre réflexion, en se gardant des effets de mode.


    Vous estimez que l’école n’est pas seule en crise et que le débat sur l’école républicaine nécessiterait un débat public plus large sur la place accordée par la société française au savoir et à la culture. Qu’entendez-vous par là ?

    La destruction de l’école est venue en partie des universitaires, détenteurs de savoirs qu’ils auraient dû défendre. Cela signifie que les intellectuels de notre temps ont des doutes très profonds sur la valeur de ce qu’ils font.
    Par ailleurs, en France, tout le monde se dit favorable à la culture et à la science, alors que la culture anglo-saxonne est davantage teintée d’anti-intellectualisme, et pourtant, on est sidéré par la différence de traitement accordé à nos universités et aux grandes universités américaines ou anglaises. Les Anglais et les Américains, même s’ils ne leur laissent qu’une petite place, ont su créer des îlots de savoir remarquables, alors que nous, qui sommes censés honorer la culture, traitons nos campus universitaires de la pire manière possible. Il y a plus de Prix Nobel qui sortent de Cambridge que de la France et de l’Allemagne réunies. On mesure la distance entre ce que disent nos élites et ce qu’elles font.
    D’autre part, il suffit de comparer la vie intellectuelle française contemporaine par rapport à celle de la première moitié du 20ème siècle pour constater que la différence est abyssale. Il y a un assèchement d’un certain terreau. Certes il y a quelques décennies, une minorité d’élèves allait au lycée mais elle bénéficiait d’une étude très poussée des langues classiques et des grands auteurs, qui constituaient pour eux des exemples. Le standard de qualité est aujourd’hui perdu : la qualité de la production éditoriale actuelle est inversement proportionnelle à la quantité de livres publiés. Désormais tout le monde estime avoir des choses intéressantes à dire, personne n’est plus capable de s’évaluer justement soi-même et de s’abstenir de publier ce qui ne mérite pas de paraître, le volume de la production éditoriale rend impossible de reconnaître ce qui a de la valeur, ce qui signifie que nous avons une censure d’un genre nouveau, la censure par ensevelissement sous la masse.
    NDRL : Vous pourrez retrouver l’ensemble des documents que Laurent Lafforgue a recueillis sur l’école, des textes sur l’éducation qu’il a rédigés et des interviews qu’il a données sur son site (ainsi que ses travaux scientifiques bien évidemment). Une mine d’informations… (personnellement, j’y ai passé des heures et des heures).

    DÉCÈS

    Un nouveau décès endeuille la ville de Néris-les-Bains et affecte notre petite communauté scolaire avec la disparition de Madame Marie-Danielle Léonardon, à l'âge de 41 ans.
    Elle était la maman de Jérémie (collège) et de Lucas (CE2).

    Nous adressons à sa famille, et particulièrement aux enfants, nos condoléances en ce moment bien douloureux de leur vie.

    http://www.dansnoscoeurs.fr/marie-danielle-leonardon/731461 

    samedi 29 juin 2013

    LA POLITESSE EST LE FONDEMENT DE L'ÉCOLE

      Lu sur AgoraVox, un article de Jack MANDON

    Kant sur son lit de mort recevant la visite de son médecin ; comme il faisait l'effort de se lever pour le saluer et que ce dernier tentait de l'en dissuader, le philosophe lui dit ces paroles :
    « Le sens de l'humanité ne m'a pas encore abandonné. »
    Ce que Kant appelle « le sens de l'humanité, » est certainement la définition la plus subtile de la politesse. Une longue évolution conduit à cette substantifique formule. Il faut du temps pour apprendre, réciter, penser et reconnaître. Dans le regard du tout petit à l'esprit malléable chemine cette longue acquisition de qualité et de mœurs. Ce qui fut tout d'abord la consigne du petit prince sur sa planète entre l'amour pour la rose et l'amitié pour le renard, prit sens dans le cœur et l'esprit de l'homme courtois, c'est à dire civilisé.
    « La plupart des jeunes gens croient être naturels, lorsqu'ils ne sont que grossiers et vulgaires. »
    La Rochefoucauld
    De la grossièreté à la violence, de la violence au brigandage, du brigandage au terrorisme.
    Ainsi la politesse est sœur de la civilité, leurs racines grecque et latine désignant la cité. La famille et l'école seraient la source par excellence de l'apprentissage de la vie en société. Les convenances et la bienséance émergeraient et se développeraient au fil du temps. S'il est de bon ton de s'insurger contre ces règles, c'est qu'inconsciemment notre révolte à leur égard trahit l'importance qu'elles représentent pour nous.
    C'est Alain qui dans ses Propos sur le bonheur a sans doute le plus réfléchi sur ...
    « Les coutumes de politesse »,
    « Elles sont bien puissantes sur nos pensées ; et ce n'est pas un petit secours contre l'humeur et même contre le mal d'estomac si l'on mime la douceur, la bienveillance et la joie ; ces mouvements, qui sont courbettes et sourires, ont cela de bon qu'ils rendent impossibles les mouvements opposés, de fureur, défiance et tristesse. »

    Les recherches des éthologistes mettent en lumière que la codification qui régit les rapports humains au fil du temps a des fondements biologiques. Il est donc erroné de dénoncer ici des formalités répressives inutiles ou néfastes. Les animaux ont des inhibitions qui relèvent de leurs instincts. Les instincts sociaux, que Lorenz range parmi les instincts secondaires, sont des comportements tout aussi innés que les instincts primaires tels que ceux de la nutrition ou de la reproduction. La nature s'impose à elle-même des limites. « Il n'y a, écrit Lorenz, aucune différence de principe entre les multiples formes d'appareils émetteurs de stimuli qui provoquent une réponse active chez tout animal supérieur et ceux qui font entrer en jeu les inhibitions sociales » (Konrad Lorenz, L'agression). Dans de nombreuses espèces, l'attitude qui provoque l'inhibition chez le congénère agressif consiste à déposer les armes et à se présenter sous son jour le plus faible. La chose est particulièrement manifeste chez le chien sauvage qui freine l'attaque de son adversaire en lui tendant la partie la plus vulnérable de son cou. Dans d'autres espèces, l'attaque, surtout celle d'un représentant de l'autre sexe, est freinée non par un simple geste de soumission, mais par un ensemble complexe de gestes rituels appelés cérémonial d'apaisement.

    L'analogie entre d'une part l'attitude de soumission et le cérémonial d'apaisement, et d'autre part les gestes et rites de la politesse est frappante. Lorenz ne manque pas de la souligner. Enlever son chapeau en entrant dans une maison, tendre la main, sourire, n'est-ce pas là se désarmer soi-même et désarmer en l'autre l'ennemi possible ?

    La connaissance du comportement animal nous révélerait-elle sur notre nature propre des vérités autres que la langue de bois du défoulement ? « L'homme est par nature un être de culture ». fréquemment cité par Lorenz. La culture aurait donc pour fonction de remplir le vide créé par la réduction des instincts, la meilleure culture humaine étant celle qui prend le relais de l'instinct le plus adéquatement.

    Vues dans cette perspective, les règles élémentaires de politesse sont un bel exemple de relais bien pris. Déjà, Alain, avant les découvertes de Lorenz, avait vu la nécessité d'inhiber l'expression des mouvements affectif négatifs : « Ce qui n'est que mouvement d'humeur n'est même pas senti, des qu'on peut le montrer ; c'est pourquoi, autant que l'on aime, la politesse est plus vraie que l'humeur [...] Tout naïvement chacun dit d'un être grognon ou hargneux qu'il connaît bien : 'C'est son caractère'. Mais je ne crois pas trop aux caractères. Car, selon l'expérience, ce qui est régulièrement comprimé perd de son importance au point d'être négligeable. [...] Une femme qui a du monde et qui interrompt sa colère pour recevoir une visite imprévue, cela ne me fait point dire : « Quelle hypocrisie ! » mais : « Quel remède parfait contre la colère ! »

    Les gestes rituels des animaux deviennent chez les humains les codes de politesse. À la Renaissance, Érasme s'est amusé à rédiger un manuel de politesse : La civilité puérile, à l'usage des écoliers. Ce livre a eu une telle importance que les règles qui y sont présentées, d'ailleurs avec humour et légèreté, sont encore celles qui, à quelques nuances près, président de nos jours à la vie en société, ou devraient présider... La civilité puérile a été copiée par de nombreux auteurs et enseigné à travers les âges jusqu'à tout récemment.

    Nous connaissons tous des gens qui endossent les codes de bienséance comme un vêtement qu'ils quittent des qu'ils sont dans leur environnement affectif. Alain a décrit ce comportement : « Comme on vit mal avec ceux que l'on connaît trop. On gémit sur soi-même sans retenue, et l'on grossit par là de petites misères ; eux de même. On se plaint aisément de leurs actes, de leurs paroles, de leurs sentiments ; on laisse éclater les passions ; on se permet des colères pour de faibles motifs ; on est trop sur de l'attention, de l'affection et du pardon ; on s'est trop bien fait connaître pour se montrer en beau. Cette franchise de tous les moments n'est pas véridique ; elle grossit tout ; de là une aigreur de ton et une vivacité de gestes qui étonnent dans les familles les plus unies. La politesse et les cérémonies sont plus utiles qu'on ne croit. » De même que le fait d'adopter une attitude extérieure nous dispose à la concentration lorsqu'un travail exigeant nous presse — on s'enferme alors dans le silence, dans le calme, on dispose son corps de façon à l'oublier pour que l'esprit fasse sa besogne sereinement, etc. — de même d'autres attitudes corporelles, la main qu'on tend, la tasse de café qu'on sert, la parole vive qu'on refrène dans un groupe de discussion créent un climat tel que l'autre se sent accueilli. Il se défait sans même le savoir des préventions qu'il pouvait avoir contre nous en vertu même du fait qu'ont été inhibées celles que nous aurions pu avoir contre lui. Cela est vérifiable de la façon suivante : lorsque nous avons de bonnes raisons de nous séparer d'une personne, le souvenir de ses gestes courtois à notre égard inhibe les sentiments négatifs qu'elle nous inspire !

    Cette inhibition des tendances agressives, qui font partie de nos instincts comme la nutrition, la reproduction et la fuite est d'une importance que nous sous-estimons jusqu'au moment où une manifestation ou une parole de menace nous ébranlent. Cette inhibition doit être distinguée du refoulement qui laisse l'instinct tout entier dans une revanche possible ; (les effets pervers de « qui veut faire l'ange fait la bête » sont bien connus !). Tout au contraire, quand l'inhibition est vraie, elle canalise nos instincts dans des formes de culture et de civilisation qui permettent à la sociabilité de s'épanouir, aux êtres humains de s'entendre.
    Ce n'est donc ni en imitant le hurlement des loups, ni en tapant sur des casseroles, ni même en frappant sur son semblable que nous manifestons le mieux notre humanité. Pour Buytendijk, comme on le voit dans son admirable livre de psychologie comparée « L'homme et l'animal », l'homme n'est pas un animal dans lequel serait tout à coup apparue l'intelligence. « Nous avons, écrit-il, écarté la conception de l'homme, animal maîtrisé par l'esprit, l'âme, et cherché a accréditer la thèse selon laquelle tout comportement humain toute perception et tout mouvement, possèdent des caractéristiques proprement humaines. » Et il poursuit : « Toute vie de groupe chez l'homme est, en un certain sens, sociale, c'est-à dire qu'elle se place dans un système normatif [...] Le dynamisme des sociétés humaines (et donc les impulsions) est un dynamisme spirituel. C'est pour cela que les impulsions primaires et vitales ont plus d'une signification. Il existe une nature humaine corporelle qui possède une signification dans chaque communauté et dans chaque société. Mais l'angoisse de l'homme, la faim de l'homme, son instinct sexuel, son instinct combatif... tout ce qui est la « nature » dans l'homme porte aussi en soi une promesse de civilisation ». Mais comme beaucoup de manifestations humaines, la politesse peut être mécanisée. « Quand l'esprit ne détermine pas le corps, le corps détermine l'esprit », disait un philosophe français contemporain Bernard Charbonneau. L'envers du défoulement c'est le système rigide de codes à quoi peut être réduite la civilité. Alors l'esprit ne détermine plus le corps ; il rend les rapports avec autrui mécaniques. Nous avons tous fait l'expérience de milieux sociaux ou se pratique cette forme de politesse. Mais pour notre bonheur il existe aussi des gens, et cela n'a rien a voir avec la classe sociale à laquelle ils appartiennent, qui transgressent les règles de politesse par un mouvement du cœur qui va bien au-delà : qui est un geste d'amour ou d'amitié.
    L'école incivile est comparable à la jungle animalière. La première réforme scolaire est humaine. Elle est ce que Kant appelle « le sens de l'humanité, » C'est certainement la définition la plus subtile et la plus profonde de la politesse.
    Ecrits et travaux de Konrad Lorenz, biologiste et zoologiste autrichien titulaire du prix Nobel de physiologie ou médecine. Lorenz a étudié les comportements des animaux sauvages et domestiques. Il a écrit des livres qui ont touché un large public tels que « Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les poissons » ou « L'agression, une histoire naturelle du mal. »

    mardi 25 juin 2013

    Mercredi 26 juin 2013 à 20h10 (durée 26 minutes) sur France 5

    vendredi 21 juin 2013

    VOYAGE DE FIN D'ANNÉE

    •  Avec la classe de CE2 de Madame Hiet : Nous sommes allés en voyage à Épineuil- le-Fleuriel, sur les traces d'Alain-Fournier dont on fête cette année le centenaire de la publication de son roman "Le Grand Meaulnes". C'était une belle destination et la magie du lieu a été bien restituée grâce aux explications très vivantes de notre guide.
    Petite biographie d'Alain Fournier >>>
    ... "Le 1er juin 1905, le lycéen croise une jeune fille d’une grande beauté en sortant du Petit Palais où il était venu visiter le Salon de la Nationale. La scène décidera de la vie sentimentale d’Henri-Alban Fournier"... 

    — Sur France Inter, une émission du 10 novembre 2012 dédiée au Grand Meaulnes. Avec la voix d'Isabelle Fournier >>>>

    — Association Jacques Rivier/Alain-Fournier

    — "Une maison, un écrivain : Alain Fournier". Isabelle Motrot / Patrick Poivre d'Arvor

    Le Grand Meaulnes : le film, avec Jean-Baptiste Maunier 

    Le siècle du grand Meaulnes, par Sarah Al-Matary >>>

    —  Richard Anthony : hommage à Alain Fournier

    Fournier et la grande Guerre >>>

    — Editions Deyrolle

    Rossignol
    1905
    2013

    L'après-midi a été consacré à la visite du musée du Canal de Berry (canal du Duc de Berry) co-fondé par M. René Chambareau.

    Sur le fonctionnement d'une écluse :
    de 7:50 à 13:16


    jeudi 13 juin 2013

    SEMAINE 33 / jeudi 13 juin 2013 (127-15)




    •  arithmétique Bertin : révision de la numération de position. Révision des appellations des dizaines de 70 à 100.

    •  vocabulaire : (lecture par le maître) l'Odyssée d'Ulysse.Robin Lister & Alan Baker. Édit. Deux Coqs d'Or.
      Aujourd'hui : Ulysse rentre chez lui. Une grande carte murale nous permet de suivre le périple au jour le jour. 

    •  analyse (la phrase de copie) "À la ferme la poule a pondu un œuf." + Révision du passé composé.

    • marelle des animaux : C'est un merveilleux tour de mathématiques pour enfants. Chaque joueur choisit un animal et épelle son nom. À chaque lettre l'enfant pose son doigt sur un des sommets de l'étoile à 10 branches. Il faut toujours partir du point "Rhinocéros" et suivre la ligne dans le sens des aiguilles d'une montre. Miracle, quand l'enfant prononce la dernière lettre, son doigt s'arrête justement sur l'animal qu'il avait choisi... in Mon cabinet de curiosités mathématiques. Ian Stewart. Éd. Flammarion 2013, page 11.
    (il manque un N à Tyrannosaure)
    •  copie : sur le cahier de classe "À la ferme, la poule a pondu un œuf."


    • dictée : sur le cahier de classe "J'ai taché mon manteau de laine avec de la craie." puis préparation sur l'ardoise de la dictée pour demain."Tu as lavé le manteau à la fontaine avec de l'eau."

    •  calcul mental : entraînement au calcul mental. La table de multiplication par 9 (sans insister).

    •  sortie : nous comptions nous rendre au pavillon du Lac (ancienne gare) pour voir l'exposition temporaire sur les pompiers. Le temps en a décidé autrement. Demain, peut-être...

    •  anniversaire : Baptiste vient d'avoir 7 ans

    •  conjugaison : révision des temps simples et des temps composés associés
    présent —> passé composé
    imparfait —> plus que parfait
    passé simple —> passé antérieur
    futur simple —> futur antérieur

    •  histoire de France : page 15 Une ville au moyen-âge. Nous regardons sur google maps une vue de Montluçon où apparait clairement la structure circulaire de la vieille ville. Idem pour le bourg de Malicorne.
     Les anciens remparts de Montluçon sont devenus le Boulevard de Courtais
     Malicorne (03600)
    •  géométrie : page 24, les deux derniers exercices (pavages).

    •   dessin : frise du jour.

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    TRAVAIL en FAMILLE (MAXIMUM 10 minutes)





    - dictée :"Tu as lavé le manteau à la fontaine avec de l'eau."

    - cuissart :voir étape 70 (on/om)

    - calcul : revoir table X 9 (sans insister)

    Rappel : le spectacle est reporté à lundi 17 juin

    mardi 4 juin 2013

    Honneur à la grammaire...

    "Pendant des décennies, l'enseignement de la grammaire a été mis au rebut, négligé : cette discipline pourtant essentielle pour comprendre le fonctionnement d'une langue n'était plus à la mode : on lui reprochait son aspect rébarbatif et on voulait privilégier tout ce qui est ludique et attractif.
     
    Quelle erreur ! C'est la grammaire qui permet à chacun de mieux s'exprimer, de mieux penser... C'est la grammaire qui nous offre une diversité de constructions, d'expressivité.
     
    Elle permet de structurer la pensée, de bien percevoir toutes les nuances d'une langue. Ainsi il est essentiel de connaître les valeurs des modes : l'indicatif, le subjonctif, l'impératif, le conditionnel : l'indicatif marque la réalité, le conditionnel invite au doute, l'impératif sert à donner des ordres et imprime une autorité.
     
    Il est utile de repérer les différentes propositions circonstancielles et leur sens, les compléments d'un verbe. Il faut bien distinguer les relatives, les interrogatives pour mieux savoir les utiliser et les maîtriser.
     
    Sans la grammaire, comment peut-on prétendre s'exprimer clairement ?
     
    C'est elle qui nous permet de saisir toutes les nuances d'une langue, ses richesses, ses atouts.
     
    Il est essentiel de ne pas confondre la nature des mots : le verbe est le moteur essentiel d'une phrase, c'est l'unité première, le MOT par excellence... L'adverbe vient compléter le sens du verbe. L'adjectif s'adjoint à un nom et le qualifie.
     
    Le nom même de la grammaire en montre toute l'importance : le mot "gramma" désigne en grec la lettre, l'unité première essentielle dans toutes les langues.
     
    La grammaire s'apprend et doit être apprise : ce n'est pas un don, elle exige un apprentissage rigoureux.
     
    Or, pendant des années, la grammaire n'était plus à l'honneur : d'ailleurs il était de bon ton de la mépriser : les élèves devaient découvrir eux-mêmes les règles grammaticales... "Ne faites pas de cours de grammaire !", tel était le discours des inspecteurs. "Il faut surtout ne pas faire cours, il faut attendre que l'enfant trouve tout seul."
     
    Cet enseignement fondamental doit enfin être remis à l'honneur. on doit, de nouveau, dispenser de véritables cours de grammaire, à travers des exemples, des schémas de phrases, des analyses précises.
     
    Honneur à la grammaire ! La langue française nous offre des méandres de tournures, des multitudes de constructions qu'il faut apprendre pour bien les maîtriser."  
    ... Lire l'article complet >>>

    PHOTOGRAPHIES DE CLASSE

                                                         Chers parents

    Les photos de classe sont exposées sur les vitres de la coursive de l’école.
    Vous pouvez dès maintenant faire votre choix parmi les clichés n°9 et n°10 (voir ci-dessous).
    Le prix de vente n’a pas varié : 5 euro (exclusivement par chèque).

    Merci de formuler votre choix auprès de l’enseignant par le biais de ce coupon réponse.
    en accompagnant votre réservation d'un chèque du montant de la commande.
     
    L’équipe enseignante
     photo n° 9


     photo n° 10


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    NOM de l’élève : ------------------------------------------------------------

    Classe :  Cours préparatoire

    photo n° 9 :   5 € x  ...... exemplaire(s)
    photo n° 10 :   5 € x  ...... exemplaire(s)

    total : ............ €

    Paiement par chèque établi à l'ordre de 
    CCP coopérative scol. n° 465 68 Z Clermont-Fd

    lundi 3 juin 2013

    SEMAINE 33 / lundi 15 avril 2013 (120-20)


    •  arithmétique Bertin : Les partages en parts égales (suite). La division avec reste non nul. Ex. : Dans 60 combien de fois 7 ? (dans une collection de 60, combien peut-on faire de paquets de 7 ?). Nous cherchons dans la table -> 8 fois. Huit fois 7 font 56. il reste 4 pour aller à 60.

    •  vocabulaire : (lecture par le maître) l'Odyssée d'Ulysse.Robin Lister & Alan Baker. Édit. Deux Coqs d'Or.
      Aujourd'hui : l'île de Trinacrie (Sicile). Une grande carte murale nous permet de suivre le périple au jour le jour. 

    •  analyse : "Éloi aura une voiture jaune". Révision du futur simple des verbes AVOIR, CHANTER, FINIR .


    • ricochets de lumière : ce matin - une fois n'est pas coutume- le soleil nous accompagne. Levé à l'Est, il inonde notre salle de classe par les fenêtres côté jardin. Le maître explique que la lumière se déplace en suivant toujours une ligne droite. Nous le démontrons à l'aide de miroirs individuels, le maître capte la lumière venant directement du soleil, la dirige sur le miroir de Kim (qui se tient près de notre porte d'entrée). À son tour, Kim dirige le faisceau lumineux sur Alexandre qui utilise son miroir pour éclairer le tableau...

    •  copie : sur le cahier de classe "le taxi rapide sera utile."



    • dictée : sur le cahier de classe "Le soir, l'oncle Éloi a ramené mon père dans sa voiture." puis préparation sur l'ardoise de la dictée pour demain.


    •  sport : yoga avec Madame Maillot.

    •  conjugaison : nous révisons nos conjugaisons ; nous sommes maintenant familiarisés avec les temps simples (présent, imparfait, futur simple et passé simple) et un temps composé (passé composé). Ci-dessous le tableau des conjugaisons avec l'auxiliaire AVOIR. À lire : quelques réflexions sur la conjugaison au CP


    •  logique : Depuis jeudi dernier nous apprenons les rudiments de la programmation informatique avec le langage LOGO. Aujourd'hui nous cherchons à faire dessiner à la tortue un triangle équilatéral (ses 3 angles ont la même mesure). Chaque élève propose un court programme sur son ardoise. Dans notre ordinateur de classe, un petit programme nous permet de tester nos propositions (et de tâtonner pour trouver l'angle correct).


    •   leçon de chose : voilà quelques semaines, Alexandre nous avait apporté un bouquet de jonquilles. Le maître avait alors expliqué que dans chaque fleur, l'ovaire donne un fruit contenant des graines. Il est temps aujourd'hui de trancher l'ovaire d'une des fleurs de jonquille arrivée à maturité pour observer les graines noires et dures qui s'y sont formées.


    •  géométrie : page 22 exercices n° 1 à 3. Rappel de la définition d'une diagonale (dans un quadrilatère, le segment qui relie deux sommets opposés).

    •   dessin : frise du jour.

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    TRAVAIL en FAMILLE (MAXIMUM 10 minutes)


    Pour mardi 4 juin 2013

    - (Delile : page en cours, pour ceux qui ont encore quelques pages à voir)

    - Cuissart : étape  63 n°1


    - dictée :"Un autre jour, la voiture a versé dans le pré."

    - Frédi : chapitre 9 à relire
    NATATION À LA PISCINE L'APRÈS-MIDI