mardi 31 juillet 2012

DELILE + CUISSART, ECRITURE ET LECTURE

METHODE DE LECTURE SYLLABIQUE
L'édition québecquoise de Delile
METHODE DE LECTURE SYLLABIQUE DELILE

========================
Au Cours préparatoire nous utilisons deux supports d'apprentissage : la méthode Delile (pour la lecture seule) et la méthode Cuissart (pour l'écriture-lecture).

Les 75 pages de la méthode Delile sont travaillées à rythme individuel. Chaque élève progresse donc à son propre rythme, sous le contrôle quotidien du maître.

La méthode CUISSART (1882 mais rééditée en 2012 sous le titre "La bonne méthode de lecture") est travaillée collectivement. Toute la classe avance donc à rythme imposé, selon les principes d'apprentissages de l'écriture-lecture.

========================

DELILE
À l'attention de nos élèves qui auraient oublié leur manuel en classe, nous proposons ici une vue de secours pour la maison (volontairement en basse résolution) de la méthode Delile (Hatier).

Nous conseillons fermement aux familles extérieures qui s'intéressent à cette méthode d'acheter le manuel. Un écolier doit évidemment apprendre à lire sur un vrai livre et non sur un succédané.

+++++++++++++++++++++++++++++++

+ Jean et Clémentine Delile (respectivement enseignant et orthophoniste) ont mis au point une méthode d'apprentissage de la lecture, illustrée par Anne Teuf pour l'édition 1999.

Dans la première édition (1999), on voit une astucieuse mise en abyme : en 1è de couverture un enfant assis sur le canapé du salon, il est en train d'étudier avec sa maman la méthode Delile. En 4è de couverture, l'enfant lit désormais seul, sans l'aide de quiconque. L'éditeur qualifie ce manuel de "méthode de lecture traditionnelle, illustrée, rigoureuse et motivante qui permet à l'enfant d'entrer en douceur dans le monde de l'écrit en découvrant le plaisir de lire."

Ce livret unique vendu à un prix modique (environ 7,50 € en librairie) est d'une prise en main légère ; son efficacité n'est plus à prouver, au point que rééducateurs et orthophonistes l'utilisent parfois pour recadrer un apprentissage décousu.
À condition de respecter le rythme d'apprentissage et la capacité de travail du jeune enfant, la méthode peut être suivie sans risque par les parents dont l'enfant manifeste le désir d'apprendre à lire avant son entrée au Cours préparatoire.

Le manuel est complété par un cahier d'exercices de lecture et par un cahier d'écriture mais nous ne les utilisons pas dans nos classes ;

+ Depuis l'édition 2012, un site Hatier est associé à la méthode de lecture Delile et propose des jeux de lecture en ligne, sur l'ensemble du parcours d'apprentissage... http://www.hatierpasapas.com/lecture/methode.php

+ Avec les élèves qui avancent vite, il nous arrive parfois, au 3è trimestre, de travailler sur la MÉTHODE D'ORTHOGRAPHE (Hatier) qui, en quelque sorte, constitue la suite logique de la méthode de lecture Delile.


+ Ce petit livre de 79 pages (dont 64 sont consacrées à l'apprentissage proprement dit) est présenté par ses auteurs comme une méthode de lecture syllabique pour apprendre à lire pas à pas, à voix haute.

+ En début de livret se trouvent les conseils d'utilisation, sur deux pages. Conseils capitaux pour bien utiliser la méthode et établir avec les élèves et leurs parents un rituel commun d'apprentissage. Sur deux autres pages, les sons sont placés en arcs concentriques permettant à l'élève de se repérer dans la progression de la méthode.

+ Page 6, on demande de retrouver le a dans les mots tels que "balle, sac, carte, rat, table, vache, cave, valise". Chaque mot est accompagné d'une illustration .

+ De la page 7 à la page 15, on procède de même avec les lettres i, o, e, u, é, è/ê, s, v et j

+ À partir de la page 16 (l de lapin), Les images disparaissent. Les mots à lire sont disposés en lignes et colonnes, sur une page organisée en plusieurs secteurs :
° Deux lignes de syllabes sur fond jaune. La première ligne combine la consonne de la leçon du jour (en bleu) avec les voyelles déjà étudiées (en rouge). La 2è ligne est une reprise en écriture manuscrite monochrome.
° des mots (les lettres muettes sont grisées).
° une phrase (avec majuscule et point) écrite en caractère d'imprimerie puis en écriture manuscrite pour permettre une copie d'après modèle.
° des syllabes de révision, sur fond gris.
° En petits caractères, des notes et explications à l'attention des parents.

Ces premières pages doivent être étudiées TRÈS LENTEMENT, avec de fréquents retours en arrière, toujours à voix haute.

+ À compter de la page 21, même organisation mais de vraies phrases sont introduites.
Page 23 interviennent les premières liaisons signalées par un petit arc concave, comme en musique.

+ Page 30 arrive le premier son composé (oi de poisson). À ce stade (vers décembre/janvier) l'élève a appris à déchiffrer correctement et le passage d'une page à la suivante se fait tout naturellement.

+ À partir de la page 39, de petites leçons d'orthographe d'usage sont régulièrement présentées "m devant m, b, p" ; "c qui se prononce comme z devant e et i" ; etc.

+ La page 49 offre un premier véritable récit. Les élèves sont toujours enchantés de franchir ce palier.

+ Arrivé à la page 64, nous assurent les auteurs (et l'expérience confirme chaque année leur propos)"l'enfant a appris à lire d'une façon rigoureuse. Pour améliorer sa vitesse de lecture et sa diction, il s'entraîne à lire à voix haute les 10 textes qui suivent l'étude des lettres."
Ces textes sont des adaptations extraites d'œuvres de Pergaud, Pagnol, Perrault, Hugo, Andersen, Saint-Exupéry, Rabelais, du Roman de Renart et de la légende d'Icare).

+ En toute fin d'ouvrage, un alphabet présente les lettres typographiques et les lettres manuscrites, en majuscules et minuscules. Le livre s'achève sur la table des matières.

Les conseils pour une lecture à voix haute efficace sont simples : 
1.) Il est impératif de ne pas passer à la page suivante tant que la page en cours n'est pas déchiffrée parfaitement. Il faut donc s'entraîner souvent, à différents moments de la journée. En cas de grosse difficulté, travailler par demie page. Plusieurs exercices de 10 minutes sont plus productifs qu'un travail continu pendant une heure !

2.) Mélanger des temps de lecture collective avec les temps de lecture individuelle. lire d'une voix forte et assurée afin de ne pas fatiguer les camarades qui suivent le texte au même moment. Faire traîner un peu chaque syllabe pour mieux les lier entre elles ; l'effet est plus agréable à l'oreille. Dans les premières semaines on obtient souvent un phrasé "staccato". Il ne faut pas s'en alarmer.

3.) Toujours suivre avec le doigt (le doigt montre à l'œil ce que la bouche va lire). Cette pratique permet au maître de s'assurer que l'élève n'ânone pas mécaniquement, répétant sans vraiment les lire une série de mots qu'à la longue il finit par connaître de mémoire (remarquons que connaître par cœur n'empêche en rien la lecture).

4.) L'élève peu confiant dans sa propre lecture a souvent tendance à lever la tête à un moment donné, cherchant à déceler sur le visage de l'adulte une mimique qui lui confirmerait qu'il ne s'est pas trompé. Il perd ainsi le fil de sa lecture. Il faut donc inviter le lecteur à ne pas quitter des yeux le mot ou la phrase qu'il est en train de déchiffrer.

5.) déchiffrer le plus vite possible (et évidemment sans erreur) pour habituer l'œil à se déplacer de plus en plus rapidement. Vers la page 50 du Delile, nous prendrons l'habitude de lire sans le secours du doigt. Nous serons en route vers la vélocité avec la lecture courante...

6.) marquer systématiquement les syllabes finales lorsqu'elles contiennent "e". De sorte à distinguer sans équivoque par exemple les prononciations "je fil-me (2 syllabes)/ le film (1 syllabe)". 

7.) revenir souvent en arrière, par exemple en relisant les pages anciennement travaillées.



========================

CUISSART


Cliquez sur le livre pour en feuilleter un extrait
L'originalité de la méthode Cuissart (partagée avec la méthode Fransya du Dr Wettstein-Badour) consiste à coupler l'apprentissage de l'écriture avec celui de la lecture. Ces méthodes sont donc totalement autonomes et donnent d'excellents résultats. Cependant, pour en tirer partie avec la plus grande efficacité, l'enseignant doit avoir parfaitement compris le principe de l'écriture-lecture tel qu'il a été défini par ses concepteurs. Cette assimilation demande aux maîtres un effort important d'autoformation avant de démarrer la classe.

=================================


Pourquoi deux supports différents pour apprendre à lire :

Cuissart et Delile

1. Individualisation.

L'association Cuissart/Delile permet de satisfaire aussi bien les très bons lecteurs que ceux qui éprouvent de la difficulté : Les premiers trouveront matière à nourrir leur appétit (par exemple en lisant entièrement une page du Delile) quand, dans le même temps, les seconds se satisferont de la moitié de la page à maîtriser. A partir de la leçon 20 (c'est à dire dès que le rituel de lecture est bien installé et que les élèves ont assimilé le fonctionnement du manuel) les leçons Delile sont travaillées sur un rythme individuel, chaque élève avançant à sa propre vitesse. Le maître ou la maîtresse contrôle l'avancement singulier par une lecture à voix haute, au moins un jour sur deux et même deux fois par jour pour les élèves qui peinent le plus. Dès qu'une page est bien lue, le progrès constaté est aussitôt enregistré sur un cahier (type carnet de notes). l'élève peut alors passer à la page suivante.

La méthode Cuissart, au contraire, est toujours travaillée à cadence commune pour toute la classe. En effet, même si une page est lue facilement, il faudra encore être capable d'en écrire tous les mots (sur l'ardoise pendant les premières semaines, pour partie dans le cahier de classe ensuite) puis être aussi capable de se relire. Les exercices de dictée succèdent au travail de copie.


2. Progressivité et rigueur

Les deux méthodes sont toutes les deux très progressives et rigoureuses. Dans Cuissart, la 1er partie (étapes 1 à 27) n'aborde que les sons simples. À chaque nouvelle acquisition, tous les sons déjà appris auparavant, sont systématiquement revus en début de leçon, ce qui permet aussi de s'assurer que les élèves maîtrisent bien tous les sons déjà vus. Chez les élèves rapides, la copie/dictée de la leçon en entier (en plusieurs fois) permet de maintenir leur attention en éveil. Chez les plus lents, ces exercices proposés en quantités moindres restent à leur portée. Cela permet de ne laisser personne «à la traîne». Si quelques élèves achoppent sur un son, le tracé ou la reconnaissance d'une lettre, alors il suffit de rester un peu plus longtemps sur la leçon en accentuant les exercices de lecture/copie/dictées, jusqu'à ce que tout le monde soit suffisamment à l'aise.

Delile a été conçue par ses auteurs pour une utilisation dès 5 ans. Dans la même démarche (atteindre 100% de réussite dans l'apprentissage de la lecture), la première partie de la méthode Cuissart (étapes 1 à 27) pourrait être étudié à fond pendant toute l'année de grande section de maternelle, puis revue rapidement dans premières semaines du cours préparatoire. Celui-ci se réservant ensuite l'acquisition des articulations et sons composés.


3. Présentation et progression de sons différentes.


Cuissart et Delile se font écho : l'ordre de succession des sons étant différent, l'utilisation simultanée  des deux méthodes permet un brassage et une révision tout au long de l'année, tant des sons que du vocabulaire rencontré.
La différence de présentation, la différence de progression sont aussi une manière de confronter un même son aux élèves, sous deux formes et à deux moments différents. Si un élève (en particulier un élève souffrant ayant manqué quelques jours de classe) n'a pas suffisamment profité de la première leçon, il aura systématiquement une autre opportunité d'acquérir «le son».


4. Acquisition facilitée d'habitudes pour le repérage .
Très rassurantes pour le maître comme pour les élèves, ces deux méthodes sont agréables à utiliser par leur extrême rigueur de progression. La présentation toujours identique facilite le repérage, habitue les élèves à entendre parler de lignes, de colonnes, etc.


5. Vocabulaire différent : (« classique »/moderne, avec large registre commun) (latin/grec)
Cuissart et Delile s'enrichissent l'une l'autre : vocabulaire plus classique dans Cuissart, vocabulaire plus contemporain dans Delile. Cela permet d'enrichir le lexique. Très vite, il est possible de parler de synonyme : quel mot, signifie "presque la même chose que"....?. Très souvent on retrouve dans Delile, des mots du Cuissart et vice-versa. Ces termes de vocabulaire reviennent régulièrement lors des lectures par le maître ou la maîtresse du Feuilleton d'Hermès (Murielle Szac - Bayard) ; les élèves les retrouvent avec plaisir et profit. Cela leur permet de réutiliser ce vocabulaire, lorsqu'il s'agit par exemple de répondre aux questions de compréhension posées par le maître ou la maîtresse.

6. Couplage Ecriture/Lecture pour Cuissart

Cuissart est une méthode liant résolument écriture et lecture, tandis que Delile semble s'appuyer sur la prééminence de la lecture. Dès les premières leçons Cuissart, les élèves apprennent simultanément à écrire tout ce qu'ils vont lire, et lire ce qu'ils ont écrit. Chaque jour, il leur est demandé de lire les syllabes, les mots, les phrases qu'ils ont eux-mêmes écrits. De plus, avec une base de sons connus, on peut s'essayer rapidement à écrire des mots encore jamais rencontrés dans une leçon, mais qui sont en lien avec la vie quotidienne ou l'environnement des élèves. Par exemple : « le catalpa » (arbre présent dans la cour) permet de montrer qu'un mot d'apparence difficile, ne l'est pas tant que ça si on prend le temps d'en écouter chaque son : C'est une occasion de montrer aux élèves qu'en prenant chaque difficulté l'une après l'autre, on peut le plus souvent « tout seul » en venir à bout.


7. Cahier Mes Premières dictées

Le première partie de la méthode Cuissart est associée au cahier Mes premières Dictées. Ce cahier s'articule en 11 étapes (correspondant en gros au premier trimestre de CP ou à l'année de grande section de maternelle pour un apprentissage précoce) dont le parcours assure avec toute la régularité nécessaire l'apprentissage minutieux d'un tracé archétypique des 26 lettres de l'alphabet et 10 chiffres de notre numération. Très rapidement viennent des exercices de copie, syllabations/épellation, dans un premier temps, puis copie, épellation, dictées un peu plus tard. C'est un outil indispensable pour profiter pleinement de l'efficacité de Cuissart.


8. Place importante de la lecture, de la copie et de la dictée

Si les activités sont limitées en nombre (lecture, copie, dictée), les compétences travaillées sont en revanche très variées (association graphie/phonie, repérage de sons, calligraphie, association script/cursive...). En outre, le vocabulaire riche et même foisonnant permet des entrées vers d'autres domaines avec un constant va-et-vient entre grammaire, géographie, histoire et les activités d'écriture/lecture. Si les élèves passent beaucoup de temps sur les activités d'écriture/lecture,  ils n'y trouvent pas de lassitude car celles-ci se mêlent à des moments d'apprentissage de leur langue, leur culture, leur histoire/géographie. Ce procédé permet de brasser les types d'activités (individuel/collectif ; réflexion/écoute/participation). C'est un atout appréciable pour garder à un niveau le plus élevé possible l'intérêt et l'attention des élèves.


9. ouverture vers d'autres domaines :

° grammaire (masculin/ féminin, nature des mots, conjugaison...)
° histoire
° géographie
° culture
° leçons de choses

Cuissart permet d'établir facilement un lien avec l'histoire et la géographie, avec l'art, avec les personnages célèbres (écrivains, musiciens, hommes d'État) ; bref, il s'agit de parler de notre culture. En outre, certaines formulations (présence de verbes au futur, au passé simple, mots  désuets ou désignant des pratiques anciennes), permettent d'aborder (modestement) les racines gréco-latines de notre langue ; cela peut servir de piste pour amener les élèves de se familiariser avec les notions de préfixes et suffixes (il ne s'agit aucunement de leur donner à tout prix la terminologie, mais de les faire progressivement entrer dans la logique de composition/dérivation des mots de notre langue : exemple « parasol » dans le Delile, qui permettra de parler du parapluie, du paratonnerre, du parachute et donc du sens de « para » au début d'un mot).

Avec Cuissart : travailler la notion de « mots de la même famille est simple à introduire, mais en plus, permet d'amener un registre différent de ce que les enfants ont peut-être l'habitude d'entendre : ex: famine, affamé, (dès que le son « f » est connu, puis plus tard, on pourra ajouter faim (à l'oral) et retravailler cette famille de mot en arrivant à la leçon du son « in » (écrit « ain/aim).
Là aussi Cuissart et Delile se font écho et il est très agréable de pouvoir s'appuyer sur l'une ou l'autre des méthodes pour réactiver des notions, des mots déjà connus ou appris.
Un autre exemple est le mot « mira », du verbe « mirer » (ici au passé simple) qu'on entend dans un mot « actuel » comme « admirer »...et qui est de la même famille que « miroir »...tout ces mots font référence à l'action de « regarder »
Delile, par le choix des mots et leur présentation, permet sans difficulté de faire un lien avec la grammaire (conjugaison, ponctuation, nature des mots, premières fonctions). Grâce aux phrases qui apparaissent rapidement dans les leçons, les élèves peuvent travailler très tôt la lecture expressive.

cf. Tableaux des lettres et sons étudiés >>>

Lire aussi les

CONSEILS POUR APPRENDRE A LIRE AUX ENFANTS (par E. Cuissart)