SYLLABATION
Angot et Cagne. Librairie des Écoles, Montluçon 1902
"La coupe des mots en syllabes est peut-être la partie le plus délicate d'une méthode de lecture et ce n'est qu'après une longue expérimentation que nous avons adopté les règles suivantes :
— Tout d'abord nous avons constaté que l'enfant lit sans effort la consonne redoublée (pom-me, ba-lle). Puis, comme application à l'étude des syllabes inverses (al, or) nous avons rattaché la première consonne à la voyelle qui précède et la seconde à celle qui suit (but-te, vil-le, ter-re). Nous avons fait de même plus tard avec les sons composés (souf-frir, bois-son). Il n'y a d'exception que pour les consonnes doubles qui suivent o, a, i (bo-nne, i-nné, a-nnée).
— Pour l'élément ill, rien de plus facile dans pa-ille. Mais dans fille, treille, on se heurte à une difficulté qu'on est obligé de tourner. Certains auteurs admettent il pour ill : fa-mi-lle. D'autres ont fa-mil-le. Dans le premier cas, l'enfant pourra écrire palle pour paille ; avec le second procédé, une lecture rationnelle n'est pas possible. Après divers essais, nous avons reconnu que l'absence de toute division en syllabes constitue le procédé le plus pratique. Nous avons donc bille, veille. La lecture y gagne et surtout l'orthographe.
— Nous ne coupons pas non plus les mots contenant y pour deux i, en pourin, ti pour si. Nous avons rayon et non ra-yon ; chien et non chi-en ; mi-nuti-eet non mi-nu-ti-e. Comme cette étude arrive à la fin de la méthode, c'est à dire alors que l'enfant est déjà exercé, la difficulté que présente notre façon d'opérer est facilement surmontée. Par compensation, on ne tarde pas à constater que, grâce à cette différence de coupe des mots, l'élève acquiert sans aide une prononciation régulière et une meilleure orthographe."